Prévention et Dépistage pour éviter 60% des décès par cancer

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La 19ème édition des journées médicales de Pire a servi de tribune au Dr Abdou Aziz Kassé de l’Institut du cancer de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) pour faire un vibrant plaidoyer contre le cancer.

Rappelant que les moyens de dépistage et de prévention sont simples, il estime que s’ils étaient appliqués, 60% des décès par cancer seraient évités.

Cette année, les journées médicales de Pire ont mis l’accent sur la prévention et le dépistage du cancer. Dans ce cadre, Dr Abdoul Aziz Kassé, maître de conférence à l’Institut de cancer de l’Université Cheikh Anta Diop a animé une conférence pour sensibiliser les populations sur cette maladie. Pendant longtemps, dit-il, «nous nous sommes trompés en croyant que le Sénégal avait pour principal problème, les maladies infectieuses, le Sida, le paludisme, la tuberculose, etc. Mais on s’est finalement aperçu qu’en plus de ces maladies infectieuses qui reculent quelque part à cause des succès que le Sénégal a enregistrés dans la lutte, il y a des maladies non transmissibles que sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, le diabète, l’insuffisance rénale etc…». Pourtant, indique le praticien, les moyens de dépistage et de prévention sont tellement simples. Si on appliquait la prévention, 46% des cancers seraient évités et si on appliquait les mesures de prévention et de dépistage, 60% des décès par cancer seraient évités.

Dr Abdoul Aziz Kassé estime que la première mesure à prendre est de vacciner les enfants à la naissance contre l’hépatite B et de le répéter à l’âge de 9 ans, surtout que tous les deux vaccins sont gratuits. «Pourquoi nos enfants ne sont pas vaccinés?», s’interroge-t-il en demandant à toutes les populations de s’autosaisir. Considérant que 30% des cas de cancer sont liés au tabac, il trouve que l’interdiction du tabac pourrait faire disparaitre le tiers des cancers. Malgré la loi votée dans ce sens depuis 2014 et la publication des décrets d’application depuis 2016, les gens continuent à fumer.

Une situation qui met en rogne Dr Kassé qui, par ailleurs, insiste sur le rôle dévastateur que joue l’alcool dans la survenue de beaucoup de cancers. «L’alcool joue un rôle très important dans beaucoup de cancers. Pourquoi l’alcoolisme ne recule pas ? Il y a des mesures alimentaires très simples. L’alcool, le tabac, les régimes riches en sel de cuisine, qu’il soit du sel de cuisine mis directement dans la marmite ou dans les bouillons, favorisent ces maladies non transmissibles. Les Sénégalais aiment tellement manger sucré alors qu’on pourrait se rééduquer à éviter le sucre en diminuant la consommation quotidienne», recommande-t-il.

Interrogé sur la nécessité ou non de mettre en place un programme national de lutte contre le cancer, il considère qu’il ne sert à rien de mettre seulement un programme sur le papier. «Un programme national doit être financé et évalué», dit-il en ajoutant qu’un programme a été rédigé dans ce sens, avec la prise en compte de tous les secteurs de la médecine, mais il dort dans les tiroirs au ministère de la Santé. «C’est pourquoi depuis 2 à 3 ans, j’insiste sur les mécanismes de financement innovants.

Prévention et Dépistage pour éviter 60% des décès par cancer

Financement innovants
Si on prélevait 3 Fcfa sur chaque bâton de cigarette, cela générerait 19,5 milliards de Fcfa de recettes additionnelles. Si l’on prenait 100 Fcfa par gramme d’alcool en taxation, près de 100 milliards Fcfa tomberaient dans l’escarcelle du système fiscal. Le sucre, le sel et le gras sont dans la catégorie des aliments transformés et dans une boutique, tous les produits proposés, contiennent l’un ou l’autre de ces produits. Une taxe forfaitaire de 5 Fcfa sur chacun de ces produits donnerait une enveloppe de 600 milliards de Fcfa. Cette démarche globale de taxation peut donner au moins 800 milliards de Fcfa. Et avec cette enveloppe, il suffit de mettre à contribution toutes les compagnies d’assurance dans le cadre d’une contractualisation, pour que tous les Sénégalais soient assurés avec un quotepart d’environ 1.000 Fcfa par personne et 10.000 Fcfa pour les agents des sociétés privés et de la fonction publique», propose-t-il. Ainsi, les Sénégalais cesseront de payer pour se faire soigner. «Cette proposition a été faite depuis quelques années et certains pays l’ont même adopté dans certains aspects et pourquoi pas le Sénégal», se demande Dr Kassé.

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LE CRI DE CŒUR DU PR SERIGNE ABDOU BA
Professeur en cardiologie, Serigne Abdou Bâ, coordonnateur des journées médicales de Pire, explique que cette manifestation est également de grands moments de sensibilisation, de communication comme en témoigne la conférence du Dr Abdou Aziz Kassé, pour un changement de comportement en matière de santé. En plus de cela, les populations ont bénéficié de soins dans toutes les spécialités médicales et chirurgicales. Et des médicaments d’une valeur de 4 millions de Fcfa ont été mis à la disposition des populations. Très sensible au sort des habitants de Pire, Pr Serigne Abdou Ba a lancé un cri du cœur pour l’érection d’un centre de santé à Pire. «Hélas, la même doléance revient chaque année depuis 19 ans», s’est-il désolé avant d’ajouter que les fils de Pire ont beaucoup fait pour la santé au Sénégal. D’autant qu’il y a au moins 6 professeurs d’Université dans le domaine de la santé qui sont originaires de Pire. A cela, s’ajoutent vingtaine de médecins natifs de Pire. Malgré tout cela, se désole-t-il, la santé des populations de Pire est prise en charge par un Infirmier Chef de Poste (ICP).
Par Mbaye Samb
Santé-Sénégal.com – le guide d’information de santé et prévention

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